Les matériels de ce domaine peuvent se diviser en 4 groupes :
        -les modems de transmission de données,
        - les commutateurs de données,
        - la télégraphie,
        - les matériels divers.

    Les modems ont été étudiés au sein du service de téléinformatique comme ceux de télégraphie et certains matériels divers, les commutateurs de données l'ont été au sein d'un service de commutation de données créé lors de l'affaire TRANSPAC en 1976.

 

LES MODEMS


    Les premiers modems de TRT sont l'aboutissement d'études entreprises en Hollande sur des modems 600 bauds et à TRT même par une équipe d'études avancées dirigée par Jacques DAGUET.

    En effet dans les années 1958-1960 TRT avait obtenu de l'Armée Américaine un contrat MARIS pour la transmission de données à 6 kbit/s dans un canal téléphonique. Grâce à une modulation particulière avec deux porteurs en quadrature (baptisée psi-ternaire), Jacques DAGUET, Pierre BRÉANT et Claude GAQUERE réalisèrent en 1962 une maquette de modem à 6 kbit/s pour la transmission codée de la parole, d'où furent dérivés un modem à 4 800 bit/s (MD 4800) et un modem à 2 400 bit/s (MD 2400). Parallèlement Michel COIRON poursuivait l'étude d'un modem 1 200 bit/s dérivé d'un modem 600 bauds de PHILIPS. Une version répondant à des normes sévères d'environnement devait équiper le matériel fourni par TRT pour la surveillance du champ de tir d'Hammaguir (1961), tandis qu'une autre devenait le premier modem de série de TRT : le S 612 (600/1 200 bit/s) délivré à l'époque (1964) à plusieurs administrations ou sociétés (banques, Centre de Calcul Scientifique des Armées, Commissariat à l'Energie Atomique...).

    Vers 1967/68 apparurent les premiers modems à basse vitesse 200/300 bauds (SEM 301) et le prototype SEM 4801 à 4 800 bit/s, étudiés par Michel COIRON et Daniel CYPRIS.

    Le démarrage industriel des modems débute vraiment en 1970 avec Michel STEIN, secondé par Daniel CYPRIS. C'est ainsi qu'est mise au point une première gamme homogène : SEM 1001 (modem en bande de base), SEM 1203 (à 1 200 bauds), SEM 202 (200 bauds), SEM 2403 (2 400 bit/s), SEM 4802 (4 800 bit/s) et SEM 9601 (à 9 600 bit/s). Le SEM 1203 sera le cheval de bataille de cette gamme (19 000 exemplaires réalisés) ; c'est de plus le premier modem utilisant des circuits intégrés. Le SEM 4802, équipé d'un correcteur automatique, sera construit à 13 000 exemplaires et équipera le réseau CADUCEE des PTT.

    En 1974, on fête le dix millième modem TRT sorti des chaînes de Rouen. TRT s'affirme alors comme le premier constructeur de modems en Europe.

    Les générations de modems vont se succéder très rapidement, d'une part pour être conformes aux Avis CCITT enfin promulgués, avec une forte participation de TRT, d'autre part pour être plus compétitifs (mise au point par Loïc GUIDOUX de correcteurs automatiques à haute performance et industrialisation très poussée du matériel par Raymond CROZE et Claude OSMALIN). Ainsi apparaîtront entre 1973 et 1975 les SEMATRANS 4803, 9603 et des versions dérivées pour certaines administrations étrangères (SEM 1204 - 2404 - 2405 - 2406 - 4804).

    Dès 1975 TRT pense à des circuits LSI pour ses modems et l'équipe dirigée par Jean DUCAMUS réalise à TRT les masques des circuits qui équiperont la nouvelle génération dite des modems LSI (1977/78), présentés en coffrets plastique orangés (SEM 311-312-321 à 300 bauds, 1011-1012-1013 en bande de base, 1211-1212 à 1 200 bauds, 2411 à 2 400 bauds, 4811 à 4 800 bit/s et un prototype 9611) et étudiés par l'équipe d'Olivier LERICHE : Bruno PEUCH, Jean-Pierre LAMORTE et Pierre MARICOT.

     Avec le succès de cette série, TRT peut fêter en Juillet 1980 le cent millième modem sorti des chaînes de Rouen.

     Les études se poursuivent tant avec ces modems classiques qu'avec des modems en bande de base (SEM 1021-1031) ou des modems plus spécifiques comme le SEM 12 kB (à 12 000 bit/s).

    Les concepts de Loïc GUIDOUX sur l'annulation d'écho seront couronnés par le dépôt de nombreux brevets affirmant la primauté mondiale de TRT dans ce domaine et permettront de développer quatre modems assurant la transmission bilatérale simultanée sur deux fils (SEM 2424, SEM 4848, SEM 1222, SEM 1041). Ce qui paraissait impossible quelques années auparavant est devenu une réalité en 1979 et le SEM 2424 aura un retentissement mondial.

    A ce jour (fin 1986), une nouvelle génération faisant appel au PSI (Processeur de Système Intégré) entièrement étudié à TRT par Luc MARY et Bahman BARAZESH vers 1983/84 est en cours de développement : son cheval de bataille sera le SEM 9696 (à 9600 bit/s sur 2 fils). Le PSI est le plus gros circuit intégré conçu à TRT : il comporte plus de 100 000 éléments actifs sur la même puce.

    Le cinq cent millième modem de TRT est proche, sans doute fin 1987...

 

LES COMMUTATEURS DE DONNEES


    En 1975, TRT, consciente de l'importance qu'allaient prendre les réseaux de données, répond à un appel d'offres des PTT pour la réalisation d'un commutateur de paquets destiné au réseau de transmission de données par paquets (TRANSPAC) que l'administration des PTT envisage de mettre en place. La réponse est faite en collaboration avec les sociétés T.I.T. et SESA (pour les logiciels) et c'est ce consortium qui est finalement retenu par les PTT. L'étude débute en 1976 ; une équipe entièrement nouvelle est créée à TRT regroupant Edouard ASSÉO, Henri VANNETZEL, Pierre LAMOINE, Guillaume BROC... La réalisation du commutateur CP50 est une des plus complexes qu'ait entreprise TRT et, grâce au concours de M.B.L.E. à Bruxelles, la fabrication de circuits imprimés multicouches est mise au point pour des cartes de très grande dimension (près de 400 x 400 mm), comportant de 150 à 200 circuits intégrés. Le temps du cycle du processeur central étant de 250 nanosecondes, des problèmes nouveaux devront être résolus (temps de propagation, impédance des circuits, échauffement, etc). Les 3 premiers commutateurs CP 50 permettront d'équiper le réseau expérimental début 1978 et le réseau sera mis en service à la fin de l'année. Ce fut une performance remarquable. Le succès de TRANSPAC se traduira pour TRT par la livraison de plus de 200 commutateurs CP 50 ; en huit ans, fin 1986, 40 000 abonnés auront été raccordés à TRANSPAC !

    Dans la foulée de TRANSPAC, en 1978, TRT allait apporter une nouvelle importante contribution au développement des réseaux de données en France en réalisant, avec la CSEE, le réseau de consultation de fichiers de la Gendarmerie Nationale. Ce réseau, appelé SAPHIR, comporte 11 000 terminaux qui, reliés à des centres nodaux (en principe un par Département), peuvent interroger en moins de 10 secondes une base de données centrale située à Paris, certains de ces terminaux sont mobiles : ils sont alors reliés par radio aux centres nodaux (voir Chapitre VII-4). Ce réseau, unique en son genre, a doté la Gendarmerie Nationale d'une rapidité d'exécution inconnue jusqu'alors.

    Forte de ses connaissances en commutation de paquets X25 (T.I.T. a repris son indépendance peu après 1979), TRT a développé pour les communications d'entreprise une gamme de matériels appelés COMPAC comprenant au départ deux commutateurs de faible capacité : le CP 8 et le CP 1. Ces deux commutateurs seront ensuite remplacés par le CP 9. L'arrivée en 1983 du processeur de réseau NPX 090 utilisant l'architecture SM 90 du CNET a permis de compléter la gamme COMPAC.

    Parmi les réalisations entreprises avec ces matériels, le changement de numérotation du réseau téléphonique français le 25 Octobre 1985 est une des plus spectaculaires. TRT assura la supervision de tous les centres principaux et régionaux et du centre national. En moins d'une heure 23 millions d'abonnés furent dénumérotés sans incident.

    Auparavant, en 1982-1983, TRT avait participé à la réalisation du premier central du terminal annuaire à Rennes en fournissant les équipements frontaux. Ce fut une première mondiale et l'aventure du Minitel commençait : ce central était prévu pour accueillir 450 000 abonnés d'Ille et Vilaine.

 

LA TELEGRAPHIE


    Au sein du groupe PHILIPS durant les années 1950-1960, le développement des matériels de télégraphie était fait par M.B.L.E. à Bruxelles. Vers 1956/57 la SNCF ayant besoin de s'équiper en matériel de télégraphie harmonique, TRT lui proposa le matériel transistorisé réalisé en boîtiers conclaves par M.B.L.E. L'agrément du matériel (aux normes CCITT) fut effectué par le CNET et TRT livra à la SNCF près de 1 200 voies en équipements à 6, 12, 24 voies du type FKR 138007.

    En 1961, suite à son entrée à SOTELEC, TRT a participé à l'étude du nouveau matériel de télégraphie harmonique (TGH 60 B) avec le CNET et LTT. Ces études suivies par Pierre BRÉANT furent arrêtées, les PTT ne jugeant pas utile d'avoir deux fournisseurs pour ce matériel.

     En 1970, TRT a entrepris sur fonds propres l'étude d'un système télégraphique numérique à 48 voies (7TG048) utilisant directement l'échantillonnage des signaux à 50 bauds sans codage. Ce matériel d'une rusticité exemplaire, réalisé en châssis CP 400 et d'un prix de revient très bas, devait connaître un très grand succès car il permettait de remplacer très avantageusement toutes les antiques liaisons de télégraphie en courant continu sur fantôme ou hyperfantôme et d'assurer également des liaisons de commande entre centraux urbains. Des adaptations furent également réalisées pour transmission sur des voies MIC ou DELTA... La livraison de plus de 140 000 voies sous forme de cartes de 4 voies, à raison de 12 cartes par châssis confirma l'excellence de ce matériel dont les études avaient été suivies par Gérard POUZOULLIC.

    Enfin, il est important de signaler la contribution importante apportée par TRT dans les années 1959-60 aux liaisons radio-télégraphiques internationales à l'aide du matériel TRANSTOR. Ce multiplex télégraphique à 4 voies 50 Bd utilisant un code à 7 moments permettant la détection et la correction automatique des erreurs, avait été élaboré en Hollande et réalisé à Paris sous la conduite de Michel MONTADAT avec une équipe du service Essais. Ce matériel fut agréé par les PTT qui en équipèrent une quarantaine de liaisons à grande distance (80 extrémités équipées à 4 voies).

 

LES MATERIELS DIVERS


    En dehors des équipements auxiliaires d'exploitation des modems (SEM 19-25-75) ou de contrôle des modems (SEMATEST 1-2-3), il convient de mentionner le dispositif SEMACOM 3 de surveillance d'un réseau de transmission de données réalisé au début des années 1980.

    Deux applications très intéressantes dérivées des modems furent d'une part le SEM 102 permettant de transmettre les données d'un modem à fréquence vocale sur une ligne via le combiné d'un poste téléphonique couplé acoustiquement au modem, d'autre part les SEM 170 et 171 dits "terminaux de pharmacie" et permettant de passer des commandes après lecture d'un paquet de minicartes et transmission via un modem.

     Pour les PTT furent étudiés deux multiplexeurs de données : le SEMAPLEX 641 et le TMN 151, ainsi qu'un équipement de sécurité : le DCN 211.

    Le SEMAPLEX 641 (1977) (Michel ROBIN) permettait de combiner 20 voies de données à 2 400 bit/s ou 10 voies à 4 800 bit/s ou 5 voies à 9 600 bit/s ou toute combinaison de ces différents débits. Ce matériel était réalisé en construction SOTELEC 70. Son successeur (SEMAPLEX 643) est en cours de définition à Lannion.

    Le TMN 151 (Jean-Michel MARTIN) permet, lui, de multiplexer des canaux à 64 kbit/s au nombre de 31 sur une trame MIC à 2 Mbit/s.

    Le DCN 211 (Kim DUONG) est un équipement permettant d'acheminer avec une très haute sécurité les transmissions de données en assurant automatiquement le passage d'une liaison normale à une liaison de secours en moins de 1 ms. Cet équipement est prévu pour des liaisons à 2 Mbit/s.

    Ces 3 matériels constituent la panoplie des équipements du réseau TRANSMIC de transmissions de données des PTT, en attendant le R.N.I.S. (Réseau Numérique à Intégration de Services).

    Enfin, il faut noter la participation de TRT aux côtés de CIT dans les années 1970 au Système de Transmission d'Informations Codées des Armées (S.T.I.C.AR.), TRT était plus spécialement chargée de réaliser une transmission codée caractère par caractère au débit de 1 200 bit/s. Près de 20 centres furent équipés de ce matériel à raison de 4 ou 5 équipements par centre.