Si tu diffères de moi, frère,
                 Loin de me léser, tu m’enrichis.

         Cette citation de Saint-Exupéry nous accueille
     
dans l’escalier qui nous conduit au temple « La Fayette ».

     Un peu d’historique de la franc-maçonnerie
   Au Moyen Age, l’Église est toute puissante dans l’éducation des nobles. Le Roi de France a peu d’influence sur ses vassaux qui gèrent en despotes toute une région et ses habitants. Ceux-ci, les serfs, sont asservis à leur seigneur toute leur vie, avec interdiction de tout déplacement en dehors de leur région.
    En réaction, des marchands et artisans se réunissaient dans des confréries ou des corporations chargées de gérer les intérêts du métier : formation, embauche, attribution des chantiers… L’Église commande des bâtiments de grande ampleur qui nécessitent des années de construction. Pour les réaliser, il faut des « spécialistes » qui font partie des corporations et qui sont donc affranchis par rapport à la population courante : ce sont des FRANCS-MAÇONS.    Sur les chantiers, des logements sont construits pour ces francs-maçons, où ils peuvent se réunir et transmettre leur savoir entre MAÎTRE, COMPAGNONS et APPRENTIS : c’est l’origine des LOGES MAÇONNIQUES. C’est en Angleterre, au XVIIIe siècle, que le mouvement franc-maçon s’organise et se codifie. En 1717, création de la 1ère loge maçonnique à Londres. Nobles et bourgeois fraternisent : ils sont FRÈRES.
    Dès 1723, la nouvelle organisation publie ses constitutions et règlements dont la rédaction est confiée au pasteur, d’origine écossaise, James Anderson. Les Constitutions d’Anderson reprennent en partie les Anciens Devoirs, mais elles apportent aussi des innovations capitales, comme d’assurer aux francs-maçons la liberté de conscience. L’important est de mettre l’HOMME au centre des intérêts et de respecter les traditions, le code, le rituel et le secret du savoir.
    A partir de 1773, le Grand Orient de France s’organise peu à peu avec un fonctionnement démocratique des loges. On retrouve des maçons dans tous les débats et dans tous les camps de la Révolution Française. Ils sont cependant surreprésentés chez les Girondins. Au delà des itinéraires personnels, la sociabilité maçonnique et le fonctionnement des loges, basés sur la discussion et l’élection, ont certainement largement contribué, peut-être dans beaucoup de cas inconsciemment, à la diffusion des idées nouvelles.
       1882 : Jules Ferry instaure l’école obligatoire et gratuite pour tous.
       1901 : Loi sur la liberté d’association.
       1905 : Séparation de l’Église et de l’État.
       Pendant les conflits armés du XXe siècle et surtout sous tous les régimes totalitaires (partis communistes ou fascistes), les francs-maçons furent pourchassés et beaucoup rejoignirent la résistance de 1940 à 1944.
       1945 : De Gaulle reconnaît la franc-maçonnerie.
       2008 : Le Grand Orient de France accepte les femmes.

    L’actualité
    Le Grand Orient de France est une association loi de 1901 composée d’environ 46 000 membres répartis dans 1 200 loges et 17 régions maçonniques.
    Le Grand Orient de France occupe une position originale dans la franc-maçonnerie mondiale sur trois points particuliers :
        - son refus d'exiger une croyance quelconque, en particulier en un dieu (ce qui n'implique absolument pas l'obligation d'athéisme),
        - son attachement à la laïcité,
        - ses valeurs républicaines et sociales.
    Les membres du Grand Orient de France déclarent que la recherche du progrès est un moteur dans leurs réflexions et leurs actions, au point que ce principe figure dans leur constitution.
    Le Grand Orient de France s'érige ainsi en défenseur des principes contenus dans sa devise qui est aussi celle de la République : « Liberté, Égalité, Fraternité ».

   Les charges sont électives pour un an.
   Le bureau national se compose d’un président « Le Grand Maître » assisté par trois Grands Maîtres adjoints et d’un collège d’officiers.
   Les loges sont indépendantes et responsables de leurs décisions
   Les loges se réunissent deux fois par mois, avec un ordre du jour défini par l’assemblée.
   Ces ordres du jour traitent des sujets de société, ainsi le Grand Orient de France a pris position sur :
      
- Le port du voile intégral
      - L’expulsion de neuf Afghans
      - Les dérives communautaires
      - La castration chimique, etc.

   Comment devient-on franc-maçon ?
    Il faut être présenté par un ami ou adresser sa candidature, avec lettre de motivation, au siège du Grand Orient. Suivant le lieu de résidence, une Loge sera chargée de contacter le candidat, pour un entretien avec le président de la loge (le Vénérable). Si la candidature est acceptée, « des rencontres préliminaires » permettent des échanges avec trois francs-maçons qui feront un rapport au sein de la loge.
    Après l’acceptation, suit le rite du « passage sous le bandeau » qui est la présentation solennelle du candidat à la loge assemblée. Le candidat est introduit dans la loge, les yeux bandés et c’est comme cela qu’il répond à un certain nombre de questions qui lui sont posées. C’est à l’issue de ce dialogue que la loge vote son admission. Le vote est positif s’il recueille plus des trois quarts des suffrages.
    L’admission n’est pas une simple formalité administrative. Au contraire, elle obéit à tout un rituel. Selon des usages multiséculaires, l’entrée en franc-maçonnerie se déroule sous la forme d’une « initiation ». Il s’agit d’une cérémonie au cours de laquelle on fait passer, symboliquement, le candidat des Ténèbres à la Lumière.
    Le candidat devient APPRENTI et devra s’affirmer pendant toute sa vie pour devenir COMPAGNON, puis MAÎTRE.

                  

                                               



Organisation d’un temple maçonnique
:

    

    VM :   Vénérable Maitre qui dirige les travaux
    S :    Secrétaire
    O :    Orateur- gardien de la constitution et des règles qui régissent la loge
    H :    
Hospitalier. Il s’occupe des frères malades, absents ou en difficulté.
    T :    
Trésorier. Il gère le budget de la loge Maître des cérémonies.
    MdC :  Maître des cérémonies.
Il gère les déplacements rituels
    GEX :  
Grand expert. Il est responsable du rituel et de la conformité du déroulement des             tenues et autres cérémonies.
   1 Sur et 2 Sur :1er & 2ème surveillants. Ils ont la responsabilité de l’ordre et du silence                     qui règne sur les colonnes. Ils distribuent la parole et sont chargés de                     l’instruction des apprentis et des compagnons.
    Couv :   Le Couvreur est chargé de veiller à ce qu’aucun profane ne vienne troubler ou              espionner les travaux en cours.
    Damier sur le sol : n’est jamais foulé et indique (entre autre) que dans la vie, rien n’est                        blanc, ni noir.
   Colonne du nord : réservée aux Apprentis.
   Colonne du midi : réservée aux Compagnons; les Maîtres se répartissent sur l’une et l’autre                     colonne.
   Deux colonnes J « Jakin » et B « Boaz », encadrant la porte, symbolisent le temple de                                             Salomon.
   L’orient est un lieu surélevé qui représente le lieu d’où vient la « Vraie Lumière », celle qui            éclaire les travaux des francs-maçons. On y trouve le delta lumineux, la lune et le            soleil. Les Dignitaires et Vénérables visiteurs y prennent place lors des Tenues,            errière le Secrétaire, le Vénérable et l’Orateur.

Texte et photos : Raymond LAURENT

Le musée de la franc-maçonnerie

Créé en 1889, le musée de la franc-maçonnerie présente au public l’histoire de la francmaçonnerie et la contribution des loges à l’histoire de la France depuis près de trois siècles.
Contribution qui touche d’ailleurs des domaines divers : philosophique et politique bien sûr
- de la diffusion des Lumières au XVIIIe siècle, jusqu’à la construction républicaine des années
1880 - mais aussi religieux, littéraire ou artistique. L’exposition essaye d’expliquer l’origine et la nature des symboles et des rites et en quoi consiste l’ « initiation » que propose la franc-maçonnerie.
Parmi les pièces représentatives : un portrait en pied du Comte de Clermont, Grand Maître de
1743 à 1771, les « tabliers » de Voltaire ou de Jérôme Bonaparte, l’épée de « Vénérable » de La Fayette…


Le visiteur pourra aussi admirer la plus belle collection de faïences à décor maçonnique du
XVIIIe siècle ou de superbes « décors » (tabliers, cordons, sautoirs) brodés ou peints avec les emblèmes et symboles des différents grades de l’ordre. Quelques-uns des plus emblématiques documents sont exposés, tels que cette édition originale des Constitutions d’Anderson de 1723 ou différents manuscrits de la plus grande rareté.

     

 


Texte extraits de Beaux Arts Magazine « musée de la franc-maçonnerie »
Photos de Jean Yves Auclair